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La fessée: faut-il l'interdire?

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Les violences éducatives, on est a priori pas pour, mais peut-être pas totalement en faveur de leur interdiction non plus. Pourquoi? C’est là que ça devient intéressant.

© Ludovic Andral

Prenez la fessée et lancez le débat. Enfin, lancez… c’est le genre de sujet qu’on n’a pas vraiment besoin de lancer, il part tout seul. Comme une gifle, au fond. En l’occurrence, c’est la décision de l’Assemblée nationale française d’inscrire dans le Code civil l’interdiction des «violences éducatives ordinaires» exercées sur les enfants qui a remis le sujet sur la table. Un élu des Républicains a ironisé aux dépens des initiants, le parti centriste MoDem, de François Bayrou: ce dernier avait en effet giflé un enfant qui lui faisait les poches durant la campagne présidentielle, en 2002.

Je cite Le Monde: «La rapporteure lui a rétorqué que cet enfant était devenu délinquant.» «Donc CQFD, au MoDem nous avons testé la gifle, nous avons constaté que ça ne marche pas!»

Les violences éducatives, on est a priori pas pour, mais peut-être pas totalement en faveur de leur interdiction non plus. Pourquoi? C’est là que ça devient intéressant. Quel parent n’a jamais fessé son petit de 2 ans qui tente pour la huitième fois de mettre sa main sur une plaque brûlante alors qu’on lui a déjà longuement expliqué que ça n’est pas une bonne idée, qu’on lui a fait sentir à distance la chaleur qui s’en dégage et qu’on l’a sauvé de lui-même en courant comme un lapin pour l’intercepter en route?

Pas beaucoup, et c’est sans doute ce qui explique qu’il y ait débat: nous sommes nombreux à convertir a posteriori un geste d’agacement et d’impuissance en geste éducatif, avec des arguments de type: «Il est bon de marquer les limites» (tout le monde est d’accord avec ce principe fondamental, qui n’exige néanmoins pas l’emploi de la force, tout comme il est clair que balancer une claque sape l’autorité du parent plus qu’elle ne la renforce).

Un faux débat

Entre les gens qui se sont pris des torgnoles petits, qui sont contents de ce qu’ils sont devenus et qui voient un lien de causalité entre leur personnalité merveilleuse et leur dure éducation, ceux qui ne veulent pas désavouer leurs géniteurs par loyauté filiale et la masse des parents qui est passée à l’acte, tout le monde ou presque a de bonnes raisons de justifier certains types de «violences éducatives».

Au lieu d’admettre qu’on a été tenu en échec par un morpion de 24 mois, on ergote donc entre amis sur le contexte, la quantité et même la qualité de la baffe: «Ça dépend de combien t’en donne»; «Faut voir l’âge du gamin, si c’est de la pure provoc, pourquoi pas»; «Si c’est pas fort mais symbolique, c’est pas de la violence, tu peux y aller».

On appelle ça un débat, mais on pourrait aussi bien parler de déni: tout ça, c’est pour sauver la face, devant les autres et plus encore devant soi.

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