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Interview: Isabelle d’Ornano, l'âme de Sisley Paris

Interview: Isabelle d’Ornano, l'âme de Sisley Paris

Isabelle d'Ornano, fondatrice et meilleure ambassadrice de la marque de cosmétiques Sisley.

© Oleg Covian

Elle arrive discrètement dans le petit salon/salle de conférence niché au dernier étage de La Maison Sisley à Paris, silhouette longiligne habillée de matières nobles et couleurs claires. On sent néanmoins une certaine tension dans son équipe, car Isabelle d’Ornano n’est pas n’importe qui. A 80 ans, c’est elle qui décide encore de chaque détail concernant la marque de cosmétiques qu’elle a lancé avec son mari Hubert d’Ornano en 1976. Hubert étant décédé en 2015, ce sont ces enfants, Philippe et Christine, qui dirigent l’entreprise familiale, mais elle en reste la figure de proue. Comtesse par son mariage avec Hubert, Isabelle est elle-même issue d’une famille princière polonaise, les Radziwill. Un nom familier aux connaisseurs du gotha, son oncle Stanislaw a en effet épousé Caroline Lee Bouvier, soeur de Jackie Kennedy. Femme de noble lignée mais également de goût, Isabelle d’Ornano s’implique corps et âme dans la marque et l’univers Sisley. Collectionneuse passionnée d’art, elle a une vraie vision et impose sa patte, de l’ameublement des locaux (richement pourvus en oeuvres d’art) au design des flacons de parfums.

L'interview

FEMINA: Où puisez-vous votre créativité?
ISABELLE D'ORNANO
Elle vient d’abord de mes interactions avec les chimistes. Le monde végétal a encore tant de choses à nous apprendre, le futur est là, dans les vertus des plantes, également pour ce qui touche la nutrition. Ensuite je regarde ce qui est dans l’air du temps. C’est comme pour la mode. Les chimistes ont besoin d’une vision extérieure, je leur fournis cet input, une forme d’encouragement. Mon mari était le vrai spécialiste de la cosmétique, un pionnier de la phytobotanique.

Utilisez-vous beaucoup les plantes pour vous soigner, par exemple des eaux florales?
Je les étudie surtout pour la marque, après je préfère utiliser les produits finis. Les plantes sont efficaces mais surtout passées au filtre de la technologie. Je bois beaucoup de tisanes, car elles ont un effet immédiat sur le corps. Et je me souviens enfant que ma maman se démaquillait à l’huile d’olive. On se faisait des masques au concombre, les recettes classiques!

Vos produits préférés?
All Day All Year (Soin essentiel de jour anti-âge qui crée un bouclier antioxydant) et Sisleÿa l’Intégral (crème global anti-âge premium) forment une bonne combinaison. Je sais comment cette dernière a été faite, donc je ne peux que lui accorder ma préférence. Elle apporte aussi beaucoup de plaisir. Il y a une part de science mais aussi de rêve tangible dans nos produits. Ils ont des effets parfois insoupçonnés qui nous reviennent par le biais des témoignages de clients. On ne peut pas les utiliser dans nos revendications mais ce sont ces histoires qui sont notre meilleure publicité. J’aime aussi beaucoup notre nouveauté, le Baume-en-Eau à la Rose noire.


© DR

D’où vous vient cet amour de l’art?
J’ai eu une enfance privilégiée et des parents très sensibles à l’art qui nous emmenaient dans les musées… J’ai grandi en Espagne et nous allions tous les dimanches au Prado (à Madrid, ndlr).

Quelle est la pire faute de goût aujourd’hui? Qu’est-ce qui vous heurte?
Beaucoup de choses me heurtent… L’art est devenu conceptuel. Certains artistes trouvent un concept, ils ont ensuite un atelier de 100 personnes pour l’exécuter. Or il faut que l’art reflète notre époque. Et aujourd’hui il y a une telle accélération… C’est ainsi. Le digital a remplacé l’humain, ce n’est certainement pas facile pour les jeunes qui naissent actuellement. Il y a moins de travail, et pourtant beaucoup de gens très diplômés. Et les femmes sont devenues tout autant compétentes que les hommes et veulent travailler aussi… Quelle était la question déjà? Ah, une faute de goût? C’est relatif, je ne juge pas, le goût est personnel.

Qu’est-ce qui a changé dans le business de la beauté en 40 ans?
C’était plus facile à l’époque. Il y avait moins de concurrence, certes, mais la distribution aussi était plus facile car elle n’était pas entre les mains de grands groupes. Les rapports personnels étaient plus humains. Aujourd’hui, ce n’est plus tant le produit qui compte que le ratio, le business, les chiffres… Au niveau de la création aussi, avant le produit de beauté disait tout, aujourd’hui il y a beaucoup plus de restrictions.

Quel conseil donneriez-vous à vous-même, jeune?
Si tu n’es pas vraiment convaincue par une carrière, change! Certaines personnes ont besoin d’être actives tout de suite, les études ne sont pas une obligation. Mon mari a fondé sa première société à 20 ans. François Pinault n’a qu’un certificat de fin d’études. En Suisse, vous avez un système plus axé sur les formations pratiques (les CFC, ndlr), c’est très bien!

Est-ce que vous entourer de personnes jeunes (artistes, créateurs) est votre secret pour rester dans le coup?
Oui, j’aime beaucoup fréquenter des jeunes personnes. Je ne fais plus trop de mondanités, mais j’apprécie de fréquenter les amis de mes enfants… qui ne sont plus très jeunes d’ailleurs mais qui sont justement à un âge intéressant. Pour rester en forme, je fais de la gym, je marche, j’essaie d’avoir une bonne hygiène de vie. Avec l’âge on devient plus philosophe… et plus sincère aussi!

Trois mots pour vous décrire?
Loyale, efficace, drôle.


© DR

En quoi Sisley est une marque à part?

Avec son fonctionnement familial pyramidal, Sisley s’est affranchi des exigences du marché, ou d’un actionnariat puisque non coté en Bourse. Un produit peut nécessiter 10 ans avant d’être lancement. Et encore, sa sortie peut être reportée si Madame décide qu’il n’est pas prêt. D’où le prix parfois stratosphérique de certaines crèmes. Mais la haute qualité des actifs (dans ce domaine-là aussi, les chercheurs n’ont pas de limites) et l’exigence de la performance justifient ce positionnement qui n’est pas uniquement marketing. Le chiffre d’affaires ne se fait d’ailleurs pas sur les nouveautés mais sur les piliers de la marque. Le succès est construit sur une politique d’échantillonnage généreuse: la cliente reviendra acheter la crème si elle a été convaincue par son usage. Autre particularité: les vendeuses Sisley doivent faire un rapport chaque semaine sur les habitudes et les remarques des clientes. Ces bulletins parfois cocasses remontent jusqu’à Madame d’Ornano qui les lit religieusement chaque semaine et exige la même chose de ses équipes, créant un réseau qui existe depuis toujours, sorte de Facebook avant l’heure.


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